Carfax

radagast

Aux prémices de l’hiver, je rencontrais l'Istar Brun à Rhosgobel et le convainquis de ma bonne foi quant à ma certitude de trouver l’artefact tant recherché au cœur de la forêt. Pour venir en sa demeure depuis Bourg-les-Bois, j’avais péniblement parcouru le coutumier chemin – enneigé en cette saison –, qui longeait l’immense orée boisée. Ces derniers jours, juste avant mon départ, l’hiver s’était installé précipitamment en recouvrant de son manteau blanc la forêt et les plaines de l'Anduin. Sur la sente, l’empreinte de mes chausses avait maculé la laiteuse pellicule en un long sillon solitaire. Deux jours plus tard, transi de froid, j’atteignis ma destination et franchis le mur épineux pour m’engouffrer, une nouvelle fois, dans le bosquet singulier du magicien. Sous le toit de sa maisonnée biscornue, après un temps de réflexion, voici ce qu'il répondit à mes interrogations sur l’éventuelle présence du chaînon d’Angainor en Dol Guldur :
— Les temps s’assombrissent et déjà, l’Ombre semble de retour tout au sud de la forêt. Les Orques y prolifèrent à nouveau et cela m’inquiète inévitablement. Il faut nous préparer et endurcir nos cœurs. Prochainement… Oui, très prochainement, les Peuples Libres seront soumis au choix entre la difficile hardiesse et la facile mollesse.
» Mais, pour te répondre simplement Homme de l’Ouest, des traces de ce précieux objet, lors de mon dernier et lointain passage à Dol Guldur, je n’ai nul souvenir. Et mon acolyte, Gandalf-le-Gris, qui y est récemment retourné, ne m’en a rien dit non plus. Cependant, et bien qu’en ruine, la lugubre forteresse est toujours soumise à l’Ombre la plus noire. Ses sous-sols dissimulés sont innombrables et constituent autant d’ insoupçonnées cachettes. Ta quête personnelle est d’importance et je ne doute pas un instant que les forces du Bien, qui occupent ce monde, guideront tes pas si tu restes juste et droit. Garde espoir Dúnadan, car l’opportunité d’avancer sur ce chemin te sera donnée. Oui… Bientôt… Très bientôt, même... Sur ces dires en suspens, l’Istar retrouva son mutisme méditatif habituel qui m’interdit de prolonger plus avant notre conversation. Convaincu qu’elle cessait là, je m’éclipsai et le quittai d’un simple salut silencieux. Je compris, en mon for intérieur, qu’il me fallait mûrir ma patience comme une rare vertu.